L’économie, c’est le souci de l’autre

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« L’économie, c’est le souci de l’autre », tel est le slogan d’une campagne lancée par des pasteures. Elle demande un changement de paradigme sur le plan économique. Il ne s’agit plus de viser uniquement la consommation et le profit, mais de couvrir les besoins vitaux de tous en tenant compte de la « natalité » et de la « mortalité » de l’être humain. Les réseaux sont plus importants que les lobbies, l’entraide entre voisins et l’approvisionnement local remplacent de plus en plus la dépendance et l’exploitation dues aux chaînes d’approvisionnement mondiales.
Le terme « Care » nous rappelle à l’une de nos missions premières. La diaconie, le service à la personne, est depuis l’Antiquité l’un des traits caractéristiques des communautés chrétiennes. « Care » désigne la posture de base, la posture intérieure qui doit distinguer l’action diaconale : l’attention, le soin, le don, la pleine conscience.
En Suisse, les soins de base dans le domaine social sont fournis à un niveau hautement professionnel. Par leur engagement, les Eglises sont désormais en concurrence avec les offres existantes et les tâches communales. La diaconie a de plus en plus été remplacée par des institutions séculaires.
Ce n’est pas pour autant une raison de croiser les bras. De nouvelles initiatives comme les « Caring Communities » offrent des opportunités intéressantes aux Eglises, dans les régions rurales justement, de tirer parti de la confiance et de la crédibilité importantes dont elles bénéficient encore, et de mettre à disposition les lieux de soins qui éclosent à maints endroits. Cela demande une connaissance approfondie de ses propres possibilités et ressources, un contact étroit entre les paroisses, un vif intérêt pour ce qui fait nécessité (« Y a-t-il dans notre paroisse des Young Carers, des mineurs qui s’occupent de proches nécessitant des soins ? Y a-t-il des personnes âgées qui ont besoin d’aide ou qui souhaitent être admises dans un foyer et qui ne savent pas comment, ni comment rédiger un mandat pour cause d’inaptitude ? Comment combler l’écart entre les proches aidants et l’APEA en décelant à temps les situations de surmenage et d’épuisement ? Pourrions-nous concevoir des offres faciles d’accès dont nous ignorons tout jusqu’à maintenant ou nous acquitter de tâches qui n’apparaissent qu’au fil d’un processus de mise en place ? », etc.).
A cet égard, les Eglises peuvent se présenter en étant conscientes de leurs atouts. Nous disposons d’un immense réseau informel de relations d’aumônerie. Nous n’avons aucun objectif économique. Nous ne devons rien gagner avec l’amour de notre prochain. La diaconie, le service de son prochain, échappe à toute logique de gain économique. Elle tient compte de la dignité et du bien précieux qu’est la vie dans sa finalité et vulnérabilité. L’heure est venue de faire à nouveau davantage de place et de prendre davantage de temps pour cette caractéristique essentielle de notre Eglise. Nous nous en réjouissons et sommes impatients de voir quelles impulsions mentales nous seront données de l’intérieur et de l’extérieur en ces temps de restriction indispensables dans notre vie quotidienne.

Katrin Bardet, pasteure
Conseillère synodale EERF
Dicastère Diaconie

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