Confessions de foi

Bild wird geladen...Bible ouverte (Foto: Innocent Himbaza)
Bild wird geladen...La croix (Foto: Innocent Himbaza)
Exprimer sa foi est de l’ordre de la nécessité, quelle que soit la forme qu’elle prend. Elle est témoignage dans le contact avec l’autre, elle est confession de foi dans le cadre de la communauté. La confession de foi, telle qu’elle est utilisée dans les Eglises aujourd’hui, a une longue histoire, autant dans sa forme que dans les discussions qu’elle a engendrées et les modifications qui en ont découlé. Ces deux axes se maintiennent encore aujourd’hui:
- d’une part la confession de foi a un caractère apostolique, et cela nécessite l’établissement de règles très strictes;
- d’autre part, les contingences et le langage de chaque époque amène à une reformulation de la foi.

Evolution des confessions de foi

Dés le début du christianisme, les membres de ce nouveau mouvement doivent se définir et le font à travers la confession de foi la plus rudimentaire qui nous soit parvenue: "Jésus est ressuscité". La foi en Dieu va de soi, la confession en Christ est donc centrale. Très vite, deux éléments vont émerger:
- Jésus Christ est Seigneur (1Co 12,3 ; Ph 2,11)
- Jésus est le fils de Dieu (Ac 8,37)
Ces deux éléments se retrouvent en Rm 1,3ss.
Dans un stade ultérieur, des formules bipartites vont apparaître, associant Dieu et Jésus. Pourtant, Dieu n’est d’abord présenté que comme le père de Jésus (1Co 8,6). Ce développement se fait, semble-t-il, en lien avec la mission auprès des païens, puisque pour ceux-ci, la foi en Dieu ne va pas de soi.
On commence à trouver des confessions de foi tripartites dans le Nouveau Testament lorsqu’il est question de baptême (Ep 4,1ss ; Mt 28,19-20).
Outre le besoin de se définir, les raisons de l’apparition et du développement des confessions de foi sont au nombre de 5:
• Baptême et catéchuménat
• Liturgie et prédication
• Exorcismes
• Persécutions
• Polémiques contre les hérétiques
Les conciles de Nicée (325) et de Chalcédoine (451), pour ne citer que ces deux assemblées chrétiennes des premiers siècles, auront pour sujet l’établissement d’une confession de foi commune, afin de lutter contre les différentes dérives de l’époque: arianisme et monophysisme. Pour les premiers, seul Dieu-Père est vrai Dieu, non engendré et éternel, il est le seul à être principe de tous les êtres. Pour les seconds,en Jésus ne subsiste que la nature divine.

Les confessions de foi dans le contexte actuel

Aujourd’hui, les confessions de foi utilisées dans nos Eglises continuent à être marquées par ce que vivent les différentes communautés, à travers le monde. Si celles établies avant la Réforme sont reconnues valables par les confessions catholiques, orthodoxes et protestantes, d’autres sont nées à la suite d’épisodes douloureux de l’Histoire. Dans la première catégorie, nous trouvons le Symbole des apôtres et la confession de foi de Nicée-Constantinople. Dans la deuxième, citons en exemple la confession de foi de la Rochelle (1559) et celle de Barmen (1934).
Les confessions de foi sont utilisées en quelques occasions majeures: baptême, confirmations, sainte cène. En fait, l’assemblée dit une confession de foi chaque fois qu’il y a un lien avec les deux sacrements établis par les Réformateurs, le baptême et la sainte cène. Elles peuvent permettre aussi à quelqu’un de définir, redéfinir sa foi avec des mots appropriés.
La réalité fribourgeoise ne fait pas défaut: Eglise bilingue, l’EERF tient compte des deux cultures alémanique et romande pour définir sa foi. La Constitution et les Règlements dont elle s’est dotée sont révélatrices de cet état de faits. Outre lors de baptêmes ou dans le cadre de la sainte cène, la confession de foi trouve sa place dans la préparation à la confirmation. Cet événement majeur est l’occasion pour les jeunes de réfléchir à ce que veut dire croire en Dieu, et de quelle manière le formuler. Le fait d’être une église minoritaire amène l’EERF à vivre l’oecuménisme aussi au travers des confessions de foi qu’elle utilise, comme le Symbole des apôtres. Mais elle peut avoir parfois besoin de marquer son originalité par une autre manière et d’autres textes, plus adaptés à notre temps ("Nous croyons en Dieu, malgré..." de l’Eglise Réformée de France).

Conclusion

Aujourd’hui encore, comme au premier siècle de notre ère, il est nécessaire pour les chrétiens de se définir. Face à une déchristianisation galopante et à une multiplication des mouvements religieux, dire sa foi de manière claire est un atout non négligeable, pour soi et pour la communauté. Les deux axes restent, caractère apostolique et contingences. Il ne s’agit pas de piquer à droite et à gauche des éléments qui nous conviendraient, mais bien de comprendre ce que signifie la formule utilisée par les premiers chrétiens: "Jésus est ressuscité!"

Pour aller plus loin

CULLMAN Oscar, Les premières confessions de foi chrétiennes, Paris : Presses Universitaires de France, 1943
FATIO Olivier (éd.), Confessions et catéchismes de la foi réformée, Genève : Labor et Fides, 1986
MOTTU Henry, COTTIN Jérôme, HALTER Didier, MOSER Felix, Confessions de foi réformées contemporaines, Genève : Labor et Fides, 2000

Martine Lavanchy