Reflets de mon voyage de découverte de l’Eglise presbytérienne du Mozambique

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C’est un petit groupe de 14 personnes des Eglises romandes - représentants des instances ou relais en paroisse du DM-échange et mission - qui est parti le 4 avril 2018 pour une visite de 11 jours à notre Eglise partenaire, l’IPM (Eglise Presbytérienne du Mozambique).

Avec un programme marathon puisque, dans ce cours laps de temps, nous avons rencontré pas moins de 13 paroisses ou groupes de paroissiens et participé à 3 cultes, cela sans compter 3 invitations officielles hors du cadre de l’Eglise et quand même un peu de temps pour la culture et le tourisme…
Nous avons vécu des rencontres d’une richesse incroyable, impossibles à résumer en quelques lignes. Je suis volontiers à disposition de chaque paroisse ou autre groupe qui serait curieux d’en découvrir davantage et je m’y prépare déjà en organisant mes souvenirs et notes selon les 4 axes suivants :
- l’IPM aujourd’hui, une Eglise qui, enracinée dans l’héritage reçu de la « Mission suisse », se projette avec dynamisme dans l’avenir ;
- l’intégration des enfants et jeunes adultes dans la vie communautaire de l’IPM à travers une formation et des activités très structurées ;
- la place particulière, bien définie et essentielle, des femmes dans l’IPM ;
- la « Mission suisse », part du « paysage mozambicain » bien au-delà des milieux d’Eglise.

Pour l’heure, j’aimerais partager ce sentiment très émouvant d’être chaleureusement accueilli, sentiment que notre délégation a vécu lors de chaque rencontre. Un peu comme si nous avions été accueillis par des membres d’une famille proche que l’on n’aurait pas revus depuis longtemps, en raison de la distance.
En témoigne ce mot d’accueil du Président du Synode, dans l’église de Khovo à Maputo, siège national de l’IPM : « Votre venue est une grande joie. C’est une visite historique pour nous qui sommes le fruit de la Mission suisse ». Et puis, dans la petite paroisse de Mazengane qui nous a, ce jour-là, préparé le dîner ; après le chant d’accueil habituel (Nous vous saluons au nom de Jésus-Christ), nous avons perçu la longue attente que l’annonce de notre visite avait suscitée : « Nous nous préparons pour ce jour depuis que nous savons que vous passerez chez nous, en repensant à toute l’histoire qui nous lie ». Et, dans cette même paroisse, une toute vieille dame, soutenue par son petit-fils ou arrière-petit-fils, tenant à la main des petits biscuits à notre attention : « Je suis si heureuse de rencontrer aujourd’hui mes parents : c’est en effet vous, les Suisses, qui m’avez éduquée ».
Comment ne pas citer encore ce moment improbable du culte de Maousse où, après le chant du groupe de jeunes de la paroisse (Je mets ma confiance en Jésus), celui de la paroisse voisine (Seigneur, aide-nous à transformer le monde) et celui du groupe des jeunes couples (Comment puis-je remercier Dieu pour tout ce qu’il me donne), s’avance un ensemble de dix femmes et de deux hommes très âgés qui, lâchant leur canne, nous offrent d’une voix chevrotante deux chants : « Tels qu’appris dans notre jeunesse par les missionnaires ». C’est le pasteur qui conclut la rencontre : « Sachez que ce que vous avez semé ici est toujours vivant !». Et ce simple paroissien qui, à Zihlahla, insiste pour prendre la parole après que les responsables de la paroisse se sont présentés : « Depuis que je suis né, j’entends parler de la Mission suisse et je rêve d’aller en Suisse découvrir ce pays qui nous a tant apporté. Aujourd’hui, je suis comblé, je suis en Suisse ! Merci ».

Je terminerai ce court aperçu par une phrase qui m’a particulièrement interpellée. Cela s’est passé durant la visite d’un projet. Dans la paroisse de Chibuto, nous avons en effet visité un élevage de volaille. Cet élevage, comptant 500 poulets, a été initié dans le cadre du programme Lumuku, soutenu par le DM (voir ci-dessous).

Après avoir partagé leur satisfaction d’une première couvée ayant rapporté un bénéfice malgré les quelques erreurs du début, l’équipe responsable a pris congé de nous en exprimant sa reconnaissance pour l’aide reçue et son espoir de pouvoir continuer sur cette lancée. C’est là que j’ai entendu la phrase qui m’a interpellée : « Nous allons tout faire pour ne pas vous décevoir ». Cela a fait surgir en moi un appel que je vous transmets : Et nous, Eglise et paroisses du canton de Fribourg, saurons-nous d’ici quelques années, quand l’IPM aura réussi son pari de devenir autonome aussi financièrement, ne pas la décevoir ? Saurons-nous, à l’avenir, inventer, au-delà de nos collectes, de nouvelles formes d’échange pour maintenir vivant ce lien qui nous unit dans une mission commune, à savoir être témoins parmi nos contemporains de l’Evangile de Jésus-Christ ?

« Que Dieu bénisse nos deux Eglises et ce lien précieux qu’il tisse depuis bientôt 130 ans entre nous ». C’est avec cette prière que, à la fin de notre dernière rencontre pour un bilan commun de notre visite, le Président du Conseil synodal de l’IPM a pris congé de notre groupe.

Anne-Lise Tesarik,
médecin généraliste à la retraite,
déléguée de l’EERF au Synode missionnaire du DM échange et mission.

Pour lire le » dossier sur l'Eglise Presbytérienne du Mozambique

Programme Lumuku
Lumuku est un programme visant à une formation et à un prêt de départ octroyé aux paroisses qui le désirent dans le but de mettre en route un projet éducatif local ou une activité lucrative dont le but n’est pas d’alimenter le budget paroissial - qui est assumé tant bien que mal par la dîme et les nombreuses offrandes des paroissiens - mais destiné aux œuvres sociales de la paroisse. Vous en apprendrez plus au cours de la Campagne d’automne DM/EPER 2018. » Pour lire la fiche du projet